Pour un port, accueillir le trafic de la banane n’est pas une décision anodine. Cela implique de se doter d’équipements adaptés à la réception de ce fruit si fragile. Quant aux générations successives de bateaux, elles ont aussi influé sur les besoins, conduisant à la prééminence de certains ports.
Du côté des Antilles
En Guadeloupe, pendant plusieurs décennies, le principal port d’embarquement des bananes était le port de Basse-Terre, proche de la principale zone de production bananière du sud de l’île. Au début des années quatre-vingts, ce monopole est remis en cause suite à l’éruption de la Soufrière en 1976 et au déplacement du trafic fruitier vers le port de Jarry, près de Pointe-à-Pitre.
En Martinique, seul le port de Fort-de-France a accueilli et continue d’accueillir les navires bananiers. Sur le quai, de longues colonnes de femmes, les régimes de bananes en équilibre sur leur tête, apportaient leur chargement sur les bateaux. Ces ouvrières des quais ont disparu au cours des années soixante quand les cartons ont remplacé les régimes.
Dans l’Hexagone
La banane antillaise arrive principalement dans les ports de la façade atlantique et de la mer du Nord. Les ports de la Méditerranée accueillent plutôt la banane en provenance d’Afrique.
Si Dunkerque fut l’un des premiers ports à réceptionner la banane avant la Première Guerre mondiale, il va perdre sa suprématie au cours de l’Entre-deux-guerres. Dans les années trente, d’autres ports reçoivent la production antillaise qui se développe fortement : Dieppe, Bordeaux, Rouen, Le Havre. Ces ports installent les équipements nécessaires au déchargement des bananes, sous la forme de norias. De vastes entrepôts isothermes à proximité des quais permettent de stocker les bananes en attendant qu’elles soient récupérées par les importateurs, les grossistes et les mûrisseurs.
Les porte-conteneurs modifient la carte des ports
Au tournant des années 80, la mise en service des quatre premiers porte-conteneurs de la CMA CGM sur la ligne des Antilles bouleverse la hiérarchie des ports d’importation de bananes. Les eaux peu profondes de Dieppe ne peuvent accueillir ces nouveaux géants des mers. Le trafic va donc se reporter sur Le Havre qui opère les aménagements nécessaires, avec l’installation de portiques de manutention. Le Havre devient ainsi le premier port bananier de France. En 1994, les navires remplis de bananes antillaises sont à plusieurs reprises dans l’impossibilité de débarquer leur cargaison au Havre, en raison de mouvements sociaux des dockers. Ils sont déroutés vers Dunkerque car la banane ne peut attendre. En 1998, une charte entre la filière de la banane antillaise et le port de Dunkerque entérine cette collaboration. Depuis cette date, le port de Dunkerque est devenu le principal port bananier en France.