La Guadeloupe, un terroir idéal pour la banane

La banane, qui occupe une place de choix dans l’alimentation en Guadeloupe, fait partie de tous les jardins créoles de l’archipel. De son côté, la production à plus grande échelle se concentre en Basse-Terre où elle trouve les conditions favorables à son développement.

La Soufrière vue de Saint-Claude
La Soufrière vue de Saint-Claude. Au premier plan, homme transportant un régime de bananes. Vers 1930, Adolphe Catan @Archives nationales d’outre-mer

De l’eau et du soleil pour le bananier

Vous avez déjà essayé de faire pousser vos propres bananes dans votre salon, mais sans succès ? Soyez rassuré, c’est normal ! Pour donner de beaux fruits, le bananier a besoin de conditions climatiques et topographiques spécifiques. Pour commencer, il lui faut de l’eau… beaucoup d’eau ! 2 m d’eau minimum sont nécessaires au cours de l’année. Autre exigence, cet apport en eau doit être régulier car le bananier déteste la sécheresse. L’atmosphère humide lui permet de compenser l’évaporation de ses longues et larges feuilles. Le bananier réclame également un bon ensoleillement, ainsi qu’une température minimale de 15°. C’est ce qu’on appelle le climat tropical humide. Enfin, dernier critère : les vents doivent être modérés pour ne pas déraciner cette grande herbe.

En Guadeloupe, c’est en Basse-Terre que toutes ces conditions sont réunies. Située au sud-ouest, cette île se caractérise par sa chaîne volcanique dominée par la Soufrière, et par la forêt tropicale qui la couvre en grande partie. Elle est très différente de l’autre île principale, la Grande-Terre. Cette dernière, plate, aride et sèche, se prête davantage à la traditionnelle culture de la canne.
En Basse-Terre, les bananeraies s’épanouissent pleinement. Elles reçoivent entre 2 et 5 mètres d’eau et davantage dans certaines zones, ce qui évite le recours à l’irrigation. La zone de culture se situe principalement entre le littoral souvent trop sec et les hauteurs du massif montagneux emprisonnées dans les nuages. Les sols volcaniques riches en phosphore, en potasse et en humus constituent un atout supplémentaire pour la culture de la banane.

La Basse-Terre, bastion historique de la banane

Carte de la Guadeloupe @Gwadaplans

Au début des années 20, la Banane de Guadeloupe connaît ses premiers développements dans les terroirs de montagne en Basse-Terre. En effet, ces zones montagneuses étaient jusqu’alors délaissées par les cultures sucrières installées en plaine.
Les premières bananeraies partent à l’assaut des pentes méridionales du massif de la Soufrière, de Baillif à Capesterre Belle-Eau, en passant par Saint-Claude, Gourbeyre et Trois-Rivières. Cet excellent terroir bénéficie alors de la proximité avec le port de Basse-Terre qui fut, pendant plusieurs décennies, le principal port de chargement. Au début des années 1980, ce monopole est remis en cause suite à l’éruption de la Soufrière en 1976 et au déplacement du trafic fruitier vers le port de Jarry, près de Pointe-à-Pitre.
Au cours des années 50, la production de bananes connaît une forte période de croissance afin de répondre à la demande des consommateurs de l’Hexagone. L’implantation des exploitations se concentre alors vers la plaine de Capesterre Belle-Eau. Là, le relief moins accidenté permet de mécaniser les pratiques agricoles. La culture de la banane bénéficie également de la libération de terres jusqu’alors occupées par de grandes exploitations sucrières qui périclitent. Dans cette zone, la production de bananes augmente de 30 % entre 1966 et 1979.
Les anciennes zones de culture en altitude, moins compétitives, reculent au profit des exploitations en plaine plus faciles à moderniser. La pression urbaine limite également les bananeraies dans certaines zones, comme Baillif et Saint-Claude.

Une bananeraie en recul… mais plus performante

Sur la côte au vent de la Basse-Terre, les bananeraies marquent indéniablement le paysage de leur empreinte. Et pourtant en 2016, la superficie occupée par la banane n’est que de 1900 hectares. On est bien loin des chiffres du passé : 3000 hectares en 1939 et 9000 hectares en 1966 ! Cette contraction s’explique principalement par les aléas climatiques. En effet, la belle croissance affichée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale est freinée à partir des années 60 par une série de cyclones qui ravagent les bananeraies si fragiles : Cléo (1964), l’éruption de cendres de la Soufrière (1976), les cyclones David et Frédéric (1979) jusqu’à Maria en 2017 qui a totalement détruit la bananeraie guadeloupéenne. Il faut alors reconstruire à chaque fois.
Cette réduction des surfaces cultivées est cependant compensée en partie par la forte augmentation du rendement. En effet, tandis que 20 tonnes de bananes étaient récoltées sur 1 hectare en 1960, le rendement est aujourd’hui de 35 tonnes par hectare. Cette nette évolution résulte des progrès des techniques agricoles. Forts d’un siècle d’expérience, les producteurs guadeloupéens savent tirer profit de leurs terres dans le cadre d’une agriculture respectueuse de l’environnement et de la biodiversité.

Bananeraie avec vue sur la Soufrière
Bananeraie avec vue sur la Soufrière @UGPBAN

Pour en savoir plus, découvrez ici les zones de production de la banane en Martinique !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.