Aujourd’hui, la quasi-totalité des bananes antillaises est débarquée à Dunkerque. Par le passé, c’est Dieppe qui fut le premier port bananier de France.
Accueillir un nouveau produit
Avantagé par sa proximité avec le marché de consommation de la région parisienne, le port de Dieppe fut, pendant plusieurs décennies, le premier port bananier de France. Certes, il ne dispose pas d’un fleuve, comme Rouen ou Bordeaux, pour assurer le transport des marchandises, notamment des plus lourdes (le charbon, le minerais, les céréales), dans son arrière-pays. Mais dans le cas de la banane, cela ne s’avère pas indispensable : l’acheminement est effectué par voie routière et ferroviaire.
Dès 1922, soit neuf ans après les premiers tests de débarquement de 700 tonnes de bananes, la compagnie norvégienne Fred Olsen met en place une ligne à destination des Canaries qui alimentent alors le marché français en bananes. Premier site à disposer d’installations spécifiques (norias, entrepôt isotherme), Dieppe s’impose progressivement comme le grand port bananier au détriment de Bordeaux qui assurait jusqu’alors l’essentiel du transport de bananes des Canaries vers la capitale. Ainsi, en 1926, Dieppe accueille 26 000 tonnes de bananes.
Dans les années 30, le gouvernement français veut favoriser la consommation de bananes des colonies. Dès 1935, Dieppe accueille les premiers arrivages de bananes antillaises.
40 ans de prééminence
En 1938, le port de Dieppe est en tête du classement français (54 000 tonnes) et concentre avec Rouen et le Havre les deux tiers du tonnage de bananes déchargées en France pour alimenter la région parisienne, le Nord et l’Est.
L’après-guerre consacre la prééminence dieppoise. Une remise en état rapide de l’outillage permet au port de reprendre le trafic dès avril 1946. Trois ans plus tard, Dieppe importe 50 % des bananes entrant en France.
La banane représente 22 % de l’activité du port en 1952. Le port réalise d’importants travaux pour rester le premier port bananier de France.
En 1970, Dieppe, toujours en première position, voit transiter 37 % des bananes importées en France et la presque totalité des bananes des Antilles. Il réalise les premiers essais de palettisation qui entraîne une réduction importante des frais de transport et de manutention. Il entreprend, à cette période, de coûteux travaux pour accueillir les nouveaux navires polythermes de la Transat dotés de tranches frigorifiques de -20° à +12°, ce qui les rend capables de transporter différentes marchandises périssables.
La fin de la banane à Dieppe
En 1981, la mise en service des quatre premiers porte-conteneurs de la CMA CGM sur la ligne des Antilles va bouleverser la hiérarchie des ports d’importation de bananes.
Les eaux peu profondes de Dieppe ne peuvent accueillir cette nouvelle génération de navires. Or, au milieu des années 1970, le projet de construction d’un avant-port conçu par la Chambre de Commerce de Dieppe a été refusé par l’État.
Pour cette raison, la ville perd son marché avec les Antilles réduisant considérablement ses importations bananières. Le trafic perdu de Dieppe est reporté au profit du Havre qui a consenti à d’importants aménagements portuaires. Le Havre devient ainsi le premier port bananier de France.