Le 28 août dernier, la tempête tropicale Dorian a traversé les Antilles causant des inondations et quelques dégâts dans les bananeraies. 40 ans plus tôt, à la même date, c’est l’ouragan David qui a marqué les esprits.
Un ouragan d’une rare intensité
Du 27 août au 6 septembre 1979, l’ouragan David dévaste la Caraïbe avant d’atteindre les États-Unis. L’ouragan passe sur la Martinique et la Guadeloupe le mercredi 29 août avec des vents de plus de 150 km/h. Les habitants calfeutrés chez eux attendent dans l’angoisse. Autour d’eux, de violentes bourrasques de vents, des rafales de pluie et une mer déchaînée.
« Le vent est de plus en plus violent. Des pointes de 170 à 180 km/h. […] Avant le Robert, les plantations de bananiers commencent à prendre un aspect désolé : comme une vague de troncs pliés. […] Les quelques plantations de bananes autour de moi ont été totalement détruites. », raconte le journaliste Jean-François Pecqueriaux de France-Antilles qui couvre l’événement en 1979.
Le 29 août au soir, tandis que l’ouragan poursuit sa route vers le nord du bassin caribéen, arrive le temps du constat des dégâts. Le bilan humain s’élève à 20 blessés en Martinique. Aucun décès n’est recensé dans les Antilles françaises, contrairement à la Dominique qui dénombre 37 morts et surtout Saint-Domingue qui recense quelques jours plus tard plus de 2 000 morts. David, de catégorie 5, est l’un des cyclones les plus meurtriers du XXe siècle.
Cependant, les dégâts matériels sont nombreux : bâtiments abîmés, routes impraticables, réseaux d’eau, d’électricité et de téléphone endommagés. Mais c’est l’agriculture, l’un des principaux piliers de l’économie des deux îles, qui a le plus souffert.
La production de bananes à terre
Près de 40 % des cultures vivrières ont disparu, ce qui va poser d’inévitables difficultés pour assurer l’approvisionnement alimentaire des îles. Du côté de l’agriculture commerciale, la culture de la canne est détruite entre 20 et 45 %. Mais c’est surtout la banane qui a souffert car le bananier est trop fragile pour affronter les vents violents. David a ravagé le nord-est de la Martinique et le sud de la Basse-Terre, soit les deux principales zones de production de la banane antillaise. Dans ces secteurs, entre 95 et 100 % des plantations sont à terre. C’est une véritable catastrophe pour les planteurs.
Le cyclone met donc un coup d’arrêt à la production de bananes. Ainsi, la Guadeloupe voit ses exportations annuelles de bananes chuter de 30 % en 1979 (90 870 tonnes contre 132 900 tonnes en 1978).
Comme à son habitude, la filière se remet rapidement en route. S’il est fragile, le bananier a au moins l’avantage de repousser rapidement. Les producteurs peuvent espérer retrouver leurs volumes dans 9 mois. Hélas, le répit est de courte durée puisque, onze mois plus tard, un autre ouragan dénommé Allen anéantit à nouveau la production antillaise qui a à peine récupéré du passage de David…