L’arrivée de la cercosporiose jaune en Martinique

Depuis de nombreuses décennies, la cercosporiose inflige aux bananeraies antillaises de graves dégâts. Découvrons un article, paru le 15 février 1938 dans La Chronique coloniale, qui relate l’arrivée de la cercosporiose jaune en Martinique.

Feuilles de bananiers attaquées par la cercosporiose noire @ UGPBAN

Une maladie nouvelle

cercosporiose jaune
Extrait de l’article La maladie du Bananier, Kervégant, La Chronique coloniale, 1938 @ Fonds UGPBAN

Fin 1937, la cercosporiose jaune est découverte dans les bananeraies de Martinique. Cette maladie, également connue sous le nom de maladie de Sigatoka, est déjà présente dans le bassin caribéen (Guadeloupe, Jamaïque) jusqu’au Surinam. Il s’agit d’une maladie foliaire, ce qui signifie qu’elle attaque les feuilles du bananier. D’origine fongique, la cercosporiose est causée par un champignon transporté par le vent et l’eau. L’humidité est propice à son développement. Ainsi, la cercosporiose jaune se développe surtout lors de la saison des pluies et dans les zones humides.

Les symptômes de la cercosporiose jaune

cercosporiose jaune
Extrait de l’article La maladie du Bananier, Kervégant, La Chronique coloniale, 1938 @ Fonds UGPBAN

Les feuilles atteintes se dessèchent. Le bananier malade n’assure plus le développement normal du régime, ce qui entraîne la maturation précoce et des fruits maigres.

Les premiers traitements

cercosporiose jaune
Extrait de l’article La maladie du Bananier, Kervégant, La Chronique coloniale, 1938 @ Fonds UGPBAN

Les premières solutions pour arrêter la maladie relèvent de la lutte prophylactique qui prévient la maladie. Les autorités recommandent aux producteurs la coupe précoce des feuilles atteintes, l’œilletonnage qui consiste à retirer les rejets du bananier, et la fumure.

Le champignon attaque surtout les cultures des régions basses marquées par une forte humidité. Face à ce constat, on va assister à un transfert progressif de la production sur les coteaux qui sont des zones plus sèches.

Quand tout cela ne suffit pas, la destruction complète de la parcelle infectée s’impose. Plus tard, la lutte prendra une forme chimique avec la bouillie bordelaise puis des atomisations d’huile minérale.

La cercosporiose jaune disparaît entre 1942 et 1945, à cause de la suppression de nombreuses bananeraies, faute de débouchés pendant la guerre. La maladie réapparaît à la fin du conflit et se développe très fortement à partir de 1949 lorsque les surfaces de bananeraies explosent pour répondre à la demande du marché hexagonal.

Focus sur l’Institut colonial français

La Chronique coloniale est publiée par l’Institut colonial français reconnu d’utilité publique. Fondé en 1920, à Paris, sur l’initiative d’Alcide Delmont, avocat d’origine martiniquaise, député de la Martinique de 1924 à 1936, sous-secrétaire d’État aux Colonies en 1929 et 1930. Il souhaite que l’Institut devienne « un organisme de propagande, de vulgarisation, tel que par son action il arrive à diriger vers les colonies les forces vives de la Nation, non point les hommes … mais les idées, les capitaux et les spécialistes ». L’Institut crée différents comités et groupes de défense, notamment des rhums et sucres et des fruits coloniaux, qui fonctionnent en autonomie et tentent de s’imposer comme syndicats professionnels. Cet institut disparaît en 1943.

La Chronique coloniale @ Fonds UGPBAN

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.