La Seconde Guerre mondiale s’est traduite par une pénurie alimentaire qui a durement touché les populations. Tributaire du transport maritime, la banane disparaît du marché hexagonal jusqu’en 1946.
L’impossibilité de transporter la banane
Décembre 1940, le Fort Richepanse accoste au port de La Pallice à la Rochelle. C’est le premier bateau, revenant d’Amérique, qui touche la France depuis l’invasion allemande en mai 1940. Il rapporte, dans ses cales, 1 000 tonnes de bananes de Guadeloupe et de Martinique. L’heure est à l’optimisme quand le commandant Jouham affirme que l’importation des produits antillais – bananes, sucre et rhum – va reprendre, sous la bénédiction des administrations vichyste et allemande. La propagande est à l’œuvre.
Dans les faits, il faudra attendre plus de cinq ans le retour des bananes antillaises sur le sol hexagonal. En attendant, la guerre se poursuit entre l’Allemagne, l’État de Vichy, la Grande-Bretagne, l’Union Soviétique, puis les États-Unis à partir de décembre 1941.
Le transport des bananes devient extrêmement complexe. Il faut éviter les Anglais qui arraisonnent les navires français. Des routes spéciales de sécurité sont imposées, ainsi que la navigation en convois. À cette insécurité, s’ajoute bientôt le manque de bateaux. Les navires bananiers sont réquisitionnés pour l’effort de guerre. Ces bateaux rapides sont transformés en croiseurs auxiliaires ou dédiés au transport des troupes. Enfin, les ports et les installations ferroviaires sont détruits au fil des batailles.
Faute de transport maritime, la production de bananes s’effondre aux Antilles. Les engrais, en provenance de métropole, n’arrivent plus. Les débouchés se réduisent comme peau de chagrin. En Guadeloupe, les planteurs parviennent à écouler une partie de la production aux États-Unis (2 500 tonnes en 1944). En Martinique, les exportations sont totalement arrêtées. Certains font de la confiture de banane ou des bananes séchées. De nombreuses exploitations sont abandonnées.
Le retour de la banane
Mai 1945 : l’armistice est signé entre la France et l’Allemagne. Plus rien ne s’oppose au retour des bananes antillaises. Mais il faut déjà faire repartir la production, replanter les bananeraies. Les planteurs peuvent compter sur la croissance rapide du bananier. Neuf mois plus tard, les premiers régimes sont prêts.
En mai 1946, l’Atlantic Express accoste à Dieppe avec la première cargaison de bananes antillaises. Il contient 1 200 tonnes de fruits (Guadeloupe : 1 130 tonnes, Martinique : 70 tonnes). Dans un pays encore marqué par le rationnement alimentaire, les bananes, et leurs riches qualités nutritives, amènent un renouveau bienvenu. Mais les volumes s’avèrent si faibles qu’ils sont d’abord réservés aux enfants et aux adolescents.
Deux bateaux arrivent en mai, puis trois en juin. Dans les mois qui suivent, deux navires arrivent tous les 10 jours : un en provenance des Antilles, l’autre d’Afrique. Le service est réduit car les armateurs doivent refaire leurs flottes. Sur les 25 bateaux d’avant-guerre, sept ont survécu au conflit dont cinq sont encore en réparation ou en transformation en 1946.
La reprise est progressive. En 1946, le marché français importe 25 000 tonnes de bananes contre 175 000 tonnes en 1938. La Guadeloupe en fournit 10 500 tonnes, contre 50 000 tonnes huit ans plus tôt.
bonjour,j’ai 84a et j’ai le souvenir d’avoir consommé dans les années 1943/44 des bananes séchées qui était parachutées par les alliés dans le sud de la France.Mon père étant résistant et comme nous étions 3 enfants, il allait récupérer dans un champ les containers largués de nuit par les avions ,pour les cacher dans un foudre à vin ,avant enlèvement par les résistants de Muret ,conduits par Vincent Auriol dont il était très proche.
Je ne sais pas qui fournissait à l’époque ces fruits séchés.
Merci beaucoup pour votre témoignage très intéressant. Nous n’avions pas connaissance de l’approvisionnement des populations en bananes séchées, c’était très astucieux pour nourrir les personnes avec un aliment riche en nutriments et qui se conserve.