À travers le monde, de nombreuses traditions ont utilisé le bananier pour symboliser la famille, la place de ses membres et le renouvellement des générations.
Le bananier, une affaire de famille
Depuis des millénaires que la banane fait partie du régime alimentaire des hommes, ces derniers ont établi un parallèle entre la succession des générations de bananiers et celle des familles humaines. En effet, pour assurer sa postérité, le bananier émet des rejets qui jaillissent de la terre autour de la tige. C’est sans doute pour cette raison que les appellations botaniques attribuées aux générations du bananier sont issus de cette similitude :
- Le pied mère est la tige qui porte le régime,
- Les rejets fils sont les successeurs,
- Les rejets petit fils sont les rejets issus des fils mais présents à la récolte du pied mère,
- La grand-mère correspond à la souche et à la tige après récolte,
- Les rejets frères désignent les rejets d’une même souche.
Le renouvellement des générations
À Madagascar, lors de la création du monde, le dieu Zanahary demande au premier homme et à la première femme de choisir entre « la mort de la lune ou la mort du bananier ». Face à l’incompréhension du couple, Zanahary leur explique : « Voulez-vous être comme la lune qui reste invisible tous les mois pendant quelques jours mais qui réapparaît ensuite, ou préférez-vous être comme un bananier qui meurt après avoir donné ses fruits ? » Le couple répond : « Nous préférons mourir comme le bananier qui laisse après lui des successeurs ». C’est depuis lors, dit-on, que les hommes meurent et que leurs enfants les remplacent.
Le bananier, son rejet et son régime @UGPBAN
Chacun à sa place
Toujours à Madagascar, de nombreux proverbes relatifs aux plantes révèlent l’importance accordée au monde végétal. Encore une fois, les proverbes qui mentionnent le bananier font le lien avec la famille :
« Les hommes ressemblent aux fleurs du bananier :
Quand elles sont encore dirigées vers le ciel,
Elles ne paraissent former qu’un seul tout,
Mais quand elles s’inclinent, chacune occupe sa place. »
« Les hommes ressemblent aux pieds de bananiers,
Les petits entourent les aînés,
Les grands ombragent les cadets. »
Au Moyen-Âge, le savant musulman Abu Hanifeh écrit ce dialogue révélateur :
« Pourquoi donc, mon fils, ne me ressembles-tu point ? » Son fils lui répond : « Je suis comme le bananier qui n’est bon à quelque chose qu’après la mort de sa mère. »
Il fait référence au rejet fils qui prend son indépendance lorsque le régime du pied mère est coupé. Ici, le fils affirme de façon imagée que seule la mort de ses parents lui permettra de prendre leur place.
Sources : André Lassoudière, Le bananier, mon ami, mon maître, The Book Edition, 2014
Robert Jaovelo-Dzao, Mythes, rites et transes à Madagascar: angano, joro et tromba Sakalava, Karthala Éditions, 1996