Cette semaine, continuons de découvrir les rebondissements de la Guerre de la banane qui oppose l’Union européenne aux pays latino-américains. Dans ce vaste conflit commercial, les petits producteurs antillais se défendent aux côtés des autres filières européennes !
La banane américaine poursuit son offensive
Face à la pression internationale, l’Europe accepte de réviser l’OCMB (Organisation Commune des Marchés de la Banane) en 2006. Elle remplace le contingentement des importations de bananes par un droit de douane qu’elle juge suffisamment important pour limiter l’entrée des bananes dollar. Elle espère ainsi protéger la production européenne. Les pays latino-américains l’ont bien compris et continuent de faire pression par l’intermédiaire de l’Organisation mondiale du Commerce. L’Union européenne propose alors un droit de douane de 176 € / tonne contre les 230 € / tonne envisagés initialement. Mais cela ne convient toujours pas à la zone dollar qui vise la libéralisation totale du marché européen, désormais premier marché mondial.
En 2009, nouvelle victoire latino-américaine avec l’obtention de l’accord de Genève qui valide la baisse progressive du droit de douane : de 176 € / t en 2010 à 114 € / t en 2020. Les années suivantes, poussant encore leur avantage, le Honduras, le Nicaragua, le Panama, El Salvador, le Costa Rica, le Guatemala, la Colombie, le Pérou et l’Equateur obtiennent des baisses encore plus conséquentes. Ainsi en 2019, le droit de douane n’est déjà plus que de 82 € / t. L’objectif final de ces accords commerciaux est d’atteindre 75 € la tonne en 2020.
Comment protéger la filière européenne ?
Face à cette concurrence exacerbée, le risque est la disparition des filières de production européenne ! Or, c’est toute l’économie des régions ultrapériphérique, largement dépendante de cette culture, qui se voit menacée. Les régions ultrapériphériques produisent au total 700 000 tonnes de bananes grâce à 11 930 producteurs. La banane porte de nombreux emplois directs et indirects.
Tout au long du conflit, la filière européenne ne cesse de réagir. Ainsi, les producteurs français multiplient les efforts pour augmenter leur compétitivité en réduisant leurs coûts de production. Ils y parviennent en s’unissant dans une structure commune, l’Union des groupements de producteurs créée en 2003.
Mais cela ne peut suffire face aux mastodontes de la zone dollar. Au sein de l’Association des Producteurs Européens de Bananes (APEB), les filières française, canarienne et madérienne agissent auprès des institutions européennes. Au fil des années, leur revendication principale est la suivante : l’Union européenne doit compenser les dégradations du marché de la banane par des enveloppes financières indispensables à la survie de ses producteurs. Pour y répondre, l’Europe intègre les producteurs de bananes dans le POSEI qui est une aide financière dédiée à l’agriculture des régions ultrapériphériques. Ce programme les aide à améliorer leur compétitivité économique et technique face à la concurrence internationale.
Un conflit larvé
Aujourd’hui, si la guerre de la banane n’apparait plus en tant que telle, le conflit est toujours présent. Les producteurs européens demande à l’Europe de s’engager à ne plus baisser le droit de douane en deçà des 75 €/tonne, tandis que les pays tiers rêvent déjà d’obtenir de nouvelles baisses et même la suppression pure et simple de la taxe. La Commission européenne y serait elle-même favorable si cela lui permet d’obtenir des contreparties économiques ! Dans ce jeu de négociations internationales, la banane des Antilles pèse bien peu. Cependant, en raison de son origine française et de sa qualité, elle parvient à maintenir sa place sur le marché français. Pour le moment…
Retrouvez ici l’épisode 1 de la Guerre de la banane !