Depuis toujours, la banane est cultivée pour être auto-consommée ou vendue sur le marché local. Véritable culture vivrière, elle assure une part importante de la subsistance des populations en Guadeloupe et en Martinique.
Un fruit doté de nombreuses qualités
La banane est une production agricole cruciale aux Antilles françaises, comme dans l’ensemble des zones tropicales du monde, de l’Afrique à l’Asie, en passant par l’Amérique latine.
En effet, ce fruit a largement démontré, depuis de nombreux siècle, ses atouts dans le régime alimentaire humain. Importante source de glucides, riche en minéraux (potassium, magnésium) et en vitamines (B6), la banane est indéniablement nutritive. Énergétique, elle reste pourtant digeste grâce à la présence de fibres.
Les qualités nutritionnelles du fruit sont renforcées par un autre atout de taille. Tandis que de nombreuses productions requièrent un délai de pousse de plusieurs années, la croissance rapide du bananier permet une production sans interruption tout au long de l’année.
Les Indiens Caraïbe la consommaient déjà
Les Amérindiens qui peuplent la Martinique et la Guadeloupe avant l’arrivée des Européens ont déjà remarqué les vertus de ce fruit. La banane légume constitue la base de leur régime alimentaire aux côtés de la patate douce.
En 1722, dans son célèbre récit de voyage, Nouveau voyage aux isles de l’Amérique, le père Labat raconte comment les Indiens utilisent la banane. « [Ils] en font une pate qu’ils portent avec eux dans leurs voyages, qui leur sert de nourriture et de boisson ».
L’aliment des esclaves
Après la conquête européenne, la culture de la banane prend de l’ampleur. Ainsi, en Martinique, le général et l’intendant de l’île promulguent une ordonnance, en date du 1er septembre 1736, qui enjoint aux propriétaires d’assurer la plantation de vingt-cinq bananiers plantain par esclave possédé. Les bananes complètent dès lors la culture du manioc qui compose l’alimentation de base de la population servile. En imposant aux planteurs de subvenir aux besoins alimentaires de leurs esclaves, l’administration coloniale, loin de poursuivre des buts humanistes, cherche surtout à maintenir l’ordre public en évitant les vols de nourriture auxquels sont acculés nombre d’esclaves affamés.
La banane plantain devient désormais l’un des aliments principaux des populations maintenues en servitude aux Antilles. Esclaves et colons consomment la banane bouillie, grillée ou encore crue. Contrairement à la canne à sucre, ce fruit n’est alors pas assimilé à l’esclavage ni au commerce avec la métropole. La culture du bananier constitue même un espace de liberté pour les esclaves. D’autres ordonnances royales suivront, assurant le développement des bananiers.
Encore et toujours un aliment du quotidien
L’auto-consommation de la banane est toujours d’actualité aux Antilles. Les bananiers continuent de peupler les jardins individuels. On peut également acheter le fruit partout : du supermarché aux nombreux marchés, en passant par la vente directe au bord des routes. Il faut ajouter que les variétés consommées aux Antilles sont nombreuses : banane plaintain, Frécinette, banane figue et à partir du XIXè siècle la Cavendish… Cette diversité quasiment inconnue en métropole résulte d’abord de l’habitude ancestrale des Antillais de consommer la banane sous toutes ses formes, et surtout de l’impossibilité de faire franchir l’océan à certaines variétés trop fragiles.
Dans les Antilles d’aujourd’hui, la banane fait donc partie du menu quotidien avec des recettes variées : gratin, banane bouillie pour accompagner les viandes et poissons, ti nain morue, beignets, confiture…
Rassasiante et gourmande, la banane répond ainsi à tous les goûts.
Sources de cet article :
Daniel Martinvalet, La banane, HC éditions, 2016
André Lassoudière, Histoire bananière des Antilles, The book edition, 2014