Quand les Antilles ont-elles découvert la banane ?

Le bananier est-il endémique des Antilles ou une plante importée par les Européens ? S’il est difficile d’être affirmatif, les deux réponses sembleraient valables. Explications.

Portrait de Christophe Colomb peint par Ridolfo Ghirlandaio
Portrait de Christophe Colomb peint par Ridolfo Ghirlandaio

La tradition affirme que les premiers plants de bananiers furent introduits dans les Caraïbes par Christophe Colomb. Lors de sa seconde expédition (1493-1496), le célèbre navigateur a en effet transporté des plants sur l’île d’Hispaniola. D’autres sources attribuent l’arrivée du fruit jaune au Frère Tomas de Berlanga, lui aussi découvreur espagnol, qui apporta en 1516 des bananes des Canaries sur Hispaniola. Dans les deux cas, l’actuelle Saint-Domingue est le point de départ de l’introduction de la banane par les Européens dans le Nouveau monde. De là, les bananiers furent importés dans l’ensemble du bassin Caraïbes puis en Amérique.

Pourtant, il semblerait que le bananier ait existé aux Amériques avant l’arrivée des colons espagnols. En effet, les Indiens, premiers habitants de cette partie du monde, semblaient déjà très familiers avec cette plante. C’est pourquoi, il semble peu probable qu’ils aient pu s’approprier aussi rapidement un fruit qui leur était inconnu. En conclusion, si l’introduction du bananier aux Antilles résulte pour partie de l’arrivée des Européens qui ont amené les variétés des îles Canaries, il est probable qu’un autre bananier ait préexisté dans les Caraïbes.

Banane plantain et banane-figue

Gravure XVIIIe siècle - Crédit : Fonds UGPBAN
Gravure XVIIIe siècle – Crédit : Fonds UGPBAN

Au cours des trois siècles suivants, deux sortes de bananes ont coexisté en Martinique et en Guadeloupe. La plus répandue est la banane plantain qui est en réalité un légume. Elle se caractérise par une chair ferme, peu sucrée et indigeste. Il est indispensable de la cuire pour la consommer. La plantain, appelée aux Antilles « banane jaune » fait partie du régime alimentaire de base des Indiens Caraïbes ainsi que des esclaves et des colons. En 1696, le célèbre Père Labat, missionnaire installé en Martinique, décrit également la banane-figue « dont la chair avait une odeur de musc très agréable ». Plus petite, cette banane à la pulpe sucrée se consomme comme un fruit.

De la Gros-Michel à la « banane cochon »

La banane Gros-Michel est la banane commercialisée au début du XXe siècle aux Antilles Crédit : Fonds UGPBAN
La banane Gros-Michel est la banane commercialisée au début du XXe siècle aux Antilles Crédit : Fonds UGPBAN

 À la fin du XIXe siècle, le commerce international de la banane débute. Il devient nécessaire de trouver des variétés résistantes aux longs trajets en direction des États-Unis et de l’Europe. C’est la Gros-Michel qui sera jusqu’aux années 1950 la principale variété commercialisée dans le monde. Cette banane est également surnommée Figue Raimbaud en Guadeloupe et Figue Baudin en Martinique. Au début du XIXe siècle, elle est importée d’Inde par l’intermédiaire d’un officier de marine nommé Baudin qui en fait don au Jardin botanique de Saint-Pierre en Martinique. De là, elle sera ensuite introduite en Jamaïque puis en Australie, au Cameroun, au Costa-Rica… Sa carrière internationale peut alors démarrer.

C’est vers la fin du XIXe siècle que la Cavendish est introduite aux Antilles. Moins parfumée que les autres variétés, cette banane ne plaît pas à la population. À tel point d’ailleurs qu’elle est réservée à l’alimentation des animaux. Surnommée avec humour « banane cochon » par les Antillais, cette variété va cependant connaître un destin fabuleux en devenant la banane dessert actuellement la plus consommée. Mais ceci est une autre histoire…

 

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