Au commencement… la banane n’était qu’un fruit. Puis l’art s’en est emparé. Du surréalisme au Pop Art, nombreux sont les artistes à lui rendre hommage. Mais il en est un qui plaça la banane au rang d’égérie rock : Andy Warhol.
En 1966, Andy Wharol décide de produire un jeune groupe de rock encore méconnu, The Velvet Underground & Nico, composé notamment du célèbre chanteur Lou Reed. Âgé de 38 ans, le pape du Pop Art réalise ce qui est aujourd’hui considéré comme l’une des pochettes les plus connues du monde de la musique : la fameuse banane jaune sur fond blanc.
Avec ses tâches noires et sa forme dressée vers le haut, l’image fait référence, en toute subtilité, à une partie bien connue de l’anatomie masculine. La pochette sérigraphiée originale proposait un collage qui cachait, sous la peau jaune du fruit, une équivoque banane couleur chair. Et comme si l’allusion sexuelle n’était pas assez claire, l’autocollant était accompagné de la formule « Peel Slowly and See », soit « Épluche lentement et regarde ». Une rumeur affirme même que la colle de l’autocollant contenait de la drogue ! Nul doute que la banane de Warhol illustrait parfaitement le credo « Sexe, drogue & rock n’roll » des décennies 60-70.
Cette banane-là ne se mange pas, elle s’écoute !
L’œuvre de Wahrol fait parler d’elle parfois bien plus que le contenu de l’album, qui en 1967 connaît un flop retentissant. En cinq ans, le disque n’a été vendu qu’à 60 000 exemplaires.
Malgré l’échec commercial, le disque va devenir culte grâce aux innovations musicales qu’il recèle. Largement réédité depuis, le « banana album » est classé au 13ème rang des meilleurs albums de tous les temps par le magazine Rolling Stone. Les fans de la première heure ont donc eu du flair, car la pochette originale, désormais introuvable, vaut une véritable fortune.
L’icône du Pop art
En signant la pochette de son nom, Andy Warhol revendique clairement son empreinte. Le talentueux artiste projette l’album du Velvet Underground dans une nouvelle dimension, celle du monde de l’art. Dans les années 60, le fruit jaune est régulièrement utilisé par le Pop art qui privilégie les objets de la culture populaire. Des artistes, comme Roy Lichtenstein et Claes Oldenburg, mettent en scène la banane perçue comme le symbole de la société de consommation et de ses supermarchés. Sa belle couleur jaune en fait d’ailleurs un fruit très accrocheur pour la publicité. En rapprochant la banane du rock, Andy Wahrol unifie deux objets de la culture de masse dans une véritable œuvre d’art contemporaine.