Quel est le rapport entre la célèbre troupe du Splendid et la banane ? Un sketch ? Une pièce de théâtre ? Un film ?… Pas du tout, c’est la mûrisserie de bananes dans laquelle la troupe a installé sa première scène.
En 1974, la troupe du Splendid fraîchement créée se compose d’une bande d’amis tout juste sortis du lycée : Marie-Anne Chazel, Josiane Blalasko, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Michel Blanc et Christian Clavier. Sans moyens, les jeunes comédiens se produisent dans des lieux insolites, une ancienne pizzéria de Montparnasse ou la cave d’un restaurant latino.
En 1976, ils décident d’investir dans un lieu qui leur permettra de mettre en scène leurs comédies loufoques. C’est ainsi qu’ils achètent un local au 10 rue des Lombards, dans le 4e arrondissement de Paris, un quartier populaire en pleine mutation. Le lieu est pour le moins original puisqu’il s’agit d’une ancienne mûrisserie de bananes comme il en existait tant dans les rues qui entourent les Halles tout récemment vidées de leur activité de vente de gros au profit du nouveau marché de Rungis.
La bande du Splendid veut transformer la mûrisserie en théâtre sur le modèle du Café de la gare de leur ami Coluche.
« On s’est lancé dans des travaux, on a emprunté de l’argent. S’en est suivi un chantier long de neuf mois dans lequel je me suis lancé. Un enfer. Je n’ai plus touché un marteau depuis cette époque ! Et moi, je flippais. Est-ce qu’on aura du succès ? Est-ce qu’on pourra rembourser ? Est-ce qu’on va pouvoir en vivre ? Je n’ai aucune nostalgie. C’était pas la misère mais on travaillait beaucoup à construire, à réparer, à écrire tous les après-midis, à jouer deux spectacles le soir. On n’était pas loin du burn-out, heureusement ça n’existait pas encore. Notre ciment, c’était l’humour, la rigolade, le sens de la dérision », raconte Gérard Jugnot.
Au bout de quelques mois de travaux, les crochets des régimes font place à une scène où est notamment joué Amours, coquillages et crustacés qui deviendra au cinéma le cultissime Les Bronzés. Le succès est immédiat, la file d’attente devant l’ancienne mûrisserie s’étire tous les soirs. Le Splendid a remporté haut la main son pari.
L’aventure rue des Lombards s’achève en 1981 lorsque la troupe déménage rue du Faubourg Saint-Martin. Depuis la mûrisserie devenue café-théâtre est aujourd’hui un pub.