Pilier indispensable de l’alimentation dans les régions productrices, le bananier fut aussi utilisé, pendant longtemps, pour protéger les cultures de café et de cacao.
Le café et le cacao aux Antilles
Le cacao est l’une des plus anciennes richesses agricoles des deux îles. Au milieu du 18e siècle, les plantations de cacao sont importantes avant de péricliter à la suite de maladies et du tremblement de terre qui touche la Martinique à cette période. La culture du cacao perdure mais dans des conditions plus restreintes. Le café, récemment introduit, commence alors à se développer à travers l’Arabica réputé pour son arôme. Qualifié de café bonifieur, il est souvent mélangé à d’autres cafés aux arômes plus faibles pour les améliorer. Cependant, le début du 20e siècle voit le déclin de ces deux cultures historiques. La concurrence des pays d’Amérique latine, les maladies et le cyclone de 1928 vont causer leur recul. Les chiffres sont éloquents puisque le café guadeloupéen passe de 1900 tonnes en 1920 à 25 tonnes actuellement.
Le bananier, une culture complémentaire
Au début du 20e siècle, les Antilles ne sont pas encore couvertes de bananeraies. Le bananier pousse de façon spontanée dans la luxuriante végétation végétale, est présent dans les jardins créoles, autour des habitations. Sa plantation plus systématique se fait alors dans les cacaoyères et les caféières. En effet, le caféier et le cacaoyer sont des arbustes de deux à cinq mètres de haut qui ont besoin de beaucoup d’humidité et de fraîcheur au début de leur croissance. Plantés dans les champs pour abriter les jeunes pousses, les bananiers leur fournissent ombre et fraîcheur grâce à leurs larges feuilles.
Augmenter le rendement
L’autre avantage du bananier pour les planteurs de café et de cacao est de nécessiter peu d’entretien et d’offrir un rendement complémentaire et constant puisque un bananier produit un régime tous les neuf mois.
« Cette culture n’entraînerait que de minimes frais de premier établissement, les bananiers pouvant être utilisés dans les plantations de caféiers et de cacoyers, [ …]pour abriter les jeunes plants. La vente de bananes vient avant celle du café (4 ans) et du cacao (5 ans) et peut procurer à l’exploitant un bénéfice qui amortit en grande partie ses frais généraux ». Charles Roux, Comment rendre nos colonies prospères ? (conférence de l’Union coloniale française, 1896)
Ainsi, les régimes produits dans les caféières et les cacoyères sont vendus sur le marché local comme légume ou fruit de table, selon s’il s’agit de variétés de bananes dessert ou de bananes à cuire.
Cette utilisation du bananier dans les caféières et les cacaoyères n’est pas exclusive aux Antilles. On la retrouve également dans d’autres régions productrices du monde, en Amérique et en Afrique. À Madagascar notamment, les bananiers servent aussi d’ombrage à la vanille.
Il faut attendre les années 20 pour que la culture de la banane se développe pour elle-même. Tandis que le café et le cacao vont rester des productions agricoles modestes, et à l’heure où la monoculture de la canne est de plus en plus contestée, la banane apparaît comme la seule culture capable d’avoir un développement commercial important. Les bananiers vont donc s’étendre au-delà des caféières et devenir des champs à part entière.
Je découvre vos articles et je les trouve passionnants. Je veux les recevoir car je m’intéresse beaucoup à l’histoire des Antilles.
Article intéressant qu’il faut compléter avec la fiche technique pour chacune des associations culturales